29 décembre 2006

Le semeur (Marc 4)

Bonjour à tous !
Un peu en avance de l'année 2007 je vous souhaite beaucoup de bonheur et de joies. Bientôt nous nous retrouverons autour du quatrième chapitre de Marc. J'ai choisi de m'attarder un peu sur la parabole du semeur (et indirectement sur celle des épis) et de vous soumettre cette question qui me résiste... une question de propriété en somme : dans cette histoire qu'est-ce qui appartient à qui ? Le champ est à son propriétaire, certes, mais il est peut-être loué ? Et la semence ? Et les épis, à qui sont-ils ? Est-ce un bien en toute propriété ou un droit d'usage ? Bien entendu vous pouvez vous en tirer avec une pirouette comme « tout est à Dieu» mais ne devrions-nous pas entendre responsabilité au lieu de propriété ? Le débat est ouvert, en attendant de le poursuivre je vous laisse avec Pieter Brueghel (l'ancien)...

12 décembre 2006

Blasphème, vous avez dit blasphème ?

« … tous les péchés seront pardonnés aux fils des hommes, et les blasphèmes qu'ils auront proférés; mais quiconque blasphémera contre le Saint-Esprit n'obtiendra jamais de pardon: il est coupable d'un péché éternel. »
Dures paroles en vérité … difficiles à recevoir … alors pour comprendre ce que « péché » veut dire, allons voir comme cela se passe chez notre ami, je veux dire : Job.
Job est affligé de mille maux (de mille mots aussi). Comment réagit-il ? Le livre nous le raconte au chapitre 2 …

Sa femme lui dit: Tu demeures ferme dans ton intégrité !
Maudis Dieu, et meurs !
Mais
Job lui répondit : Tu parles comme une femme insensée.
Quoi! nous recevons de Dieu
le bien, et nous ne recevrions pas aussi le mal ?
En tout cela Job ne pécha point par ses lèvres. Trois
amis de Job, Eliphaz de Théman, Bildad de Schuach, et Tsophar de Naama, apprirent tous les malheurs qui lui étaient arrivés.
Ils se concertèrent et partirent de chez eux pour aller le plaindre et le consoler. […]
Après cela
, Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance.

Job crie, il crie même contre Dieu, tandis que ses « amis qui lui veulent du bien » tentent de le raisonner. Elifaz prend la parole en premier, il est affable et rassurant, il dégouline de bonne conscience ; mais parle-il bien de Dieu ? Certes non, si on en croit la fin du livre. Mais à Elifaz succède Bildad qui « en rajoute » ; il s'approprie Dieu un peu comme ferait comme un intégriste (Job 8:13) : « Ainsi arrive-t-il à tous ceux qui oublient Dieu, Et l'espérance de l'impie périra. »
Ici nous touchons à la question du péché : de quoi s'agit-il ? Quel acte a donc été commis ? Dans l'histoire de Job, personne ne fait rien d'autre que parler ! La différence entre Job et ses « copains », c'est que ces derniers enferment Dieu dans une relation bloquée, sans espoir ni pardon possible. Le péché, dans ce contexte, ne serait-ce pas la rupture de la relation avec Dieu ? Et le blasphème n'en serait-il pas la quintessence (en grec βλασφημεω, dire de mauvaises paroles, faire un mauvais augure lors d'une cérémonie) ? Blasphémer, dans ce sens, c'est prétendre dire ce que Dieu est, doit être et sera de manière définitive ; ce par quoi toute relation à Dieu deviendra définitivement impossible. Le troisième des « amis » de Job, le dénommé Sofar, ne fait pas autrement (Job 11:5) :
« Oh! si Dieu voulait parler,
S'il ouvrait les lèvres pour te répondre,
Et s'il te révélait les secrets de sa sagesse,
De son immense sagesse,
Tu verrais alors qu'il ne te traite pas selon ton iniquité.
»
Lisez vous-mêmes les réponses de Job et la fin de ce livre, magnifique mais tout aussi difficile que les paroles de colère que Jésus prononce au chapitre 3.

03 décembre 2006

Cher Zébédée,


Il est vrai que tu n'es pas un homme calme ! Quand Iaakov, ton fils aîné, est parti avec cet inconnu déjà tu fulminais contre ce vent mauvais qui, venu de la mer, balayait le lac, faisait fuir le poisson et troublait les esprits. Et ne voila-t-il pas qu'à peine remis de l'émotion ton second fils, Iohanan le tendre, t'annonce que lui aussi s'en va te laissant seul avec tes ouvriers, l'entreprise qui croule sous les dettes et les impôts, l'insécurité qui règne sur les routes… Tout te révoltait, ce départ auquel tu as consenti, l'injustice à tous les niveaux, la cruauté des dirigeants de cette province, l'influence néfaste de tous ces étrangers…




Mais c'est toi aussi qui as su dire non à ceux qui voulaient lancer la révolte, s'appuyer sur la haine de l'ennemi pour gagner une bataille face à une bande de légionnaires perdus en pleine Galilée, c'est ta colère qui a fait voir que la justice n'était pas à une chose à attendre de l'occupant mais à pratiquer au quotidien. Oui, tes éclats font autant pour ta renommée que ta générosité, c'est pourquoi ton nom méritera d'être célébré par les générations qui viennent. Oui, le surnom que ce Jésus a donné à tes fils, il est mérité.

28 novembre 2006

Quelle famille pour quel message ?

Les questions que nous posent le texte - et Angelika - sur la « vraie » famille du Christ ne peuvent manquer de faire chercher un peu de généalogie, mais voila ... c'est ailleurs ! Pas de généalogie dans l'Évangile de Marc, et des relations familiales plutôt tendues (3:21). Voyez comment ce peintre flamand (Geertgen, vers 1480) représente l'arbre de Jessé, un désordre invraisemblable avec des personnages qui « flottent ». Les « filiations » que met en place l'Évangile de Marc ne sont-elles pas aussi souples, spatiales, flottantes ?

Si vous voulez retrouver l'origine de l'expression « arbre de Jessé », c'est dans Esaïe 11, et Jessé est le père de David. Et pour voir le tableau de Geertgen en grand, cliquez sur le lien affiché en vert, ne manquez pas les détails.

Des filiations constitutives (Marc 3)

«Tu es mon fils bien-aimé ...en toi j'ai mis tout mon plaisir ...»
«Le fils de l'homme est venu pour sauver ceux qui étaient perdus ...»
«Qui sont ma mère
et mes frères ?»
Dieu parle le premier
en instituant une relation
Ensuite, Jésus inscrit son propre agir dans cette filiation donnée
Jésus fonde une filiation nouvelle et ouverte
  1. Appel, assez personnel, par une voix du ciel
  2. Confirmation par la voix des mauvais ésprits
  1. dans la filiation avec Dieu et
  2. dans la filiation avec l'humanité
  3. en toile de fond ...... la tradition prophétique
  1. dans la suite de Jésus
  2. pas marquée par le biologique, le clan etc.
  3. ouverte à ceux qui veulent s'inscrire dans cette lignée
paroles venant "d'ailleurs"
enseignement "objectif"
un point de vue "familial"
Marc, chapitre 1
Marc, chapitre 2
Marc, chapitre 3

27 novembre 2006

L'acharnement thérapeutique

Comment pourrais-je comprendre les évènements qui m'arrivent ? Pourquoi m'a-t-il choisi ? Je suis comme amputé de mes possibilités !! Cette question révèle une image d'un dieu qui serait à l'origine de tout, tapi dans les starting-blocks.

Quand vous prenez ces interrogations lancinantes et que vous les posez aux personnes des premiers chapitres de l'évangile de Marc, vous pouvez observez comment elles s'y trouvent comme inversées :

L'interpellation de Jésus met ces personnes mutilées dans leur existence, au centre, debout. Le pourquoi devient un « à quoi bon ? » Il met leur vie en mouvement, renouvelée.

  • Le grabataire se lève de sa natte, pardonné. Lui qui était sans parole, la prend pour louer Dieu.
  • L'homme à la main desséchée se lève également. C'est lui qui est au milieu. Il est rétabli dans son intégrité.

Nous ne savons toujours pas pourquoi l'un était couché sur sa natte et l'autre mutilé. Mais ils se tiennent devant nos yeux : Des humains, debout et vivants. Là où nous posions la question du pourquoi (qui est tourné vers le passé) Dieu nous attend, devant nous. Là où nous le cherchions derrière nous, il nous a devancés.

Les deux verbes, guérir et sauver, s'entrelacent dans le développement de cette idée. Sans demander, Jésus s'acharne à guérir.

Irénée, père de l'Église, est souvent cité par cette phrase « La gloire de Dieu est l'homme debout ».

Le IL et le JE

« À toi, je dis, lève-toi ...! dit Jésus au grabataire. À Lévi, fils d'Alphée, il dit « Suis-moi ». Jésus assume son autorité et ses actes. Il parle en « Je ». Jésus ne se dérobe pas ; il met son existence dans la balance. Nous avons vu comment ses interpellations changent la vie des uns et des autres de façon personnelle.

Mais quelques uns ont constaté que Jésus ne parle pas de la même manière quand il est contesté dans son action. Son enseignement, il le donne en troisième personne : « Le fils de l'homme est venu ... », « le marié est là ... ». Cela peut ressembler à une dérobade. La réponse garde un caractère objectif.
Il me semble que Jésus donne ici les clés d'une compréhension de sa venue qui le font sortir d'un face à face direct, qui ouvrent vers une universalité. La controverse immédiate avec ses opposants est dépassée. Le lecteur peut, autant que les contestataires, recueillir la réponse et la faire sienne.
On peut bien voir, comment un enseignement (qui s'inscrit dans du vécu concret) sort ainsi du cadre historique :
  1. Jésus garde une liberté de parole au delà de la contestation.
  2. Le lecteur acquiert une liberté d'adhésion au projet de Dieu.
AK

16 novembre 2006

Le Fils de l'Homme

Qui est donc cet énigmatique « fils de l'homme » ? Depuis quand parle-t-on de lui (même Magritte, ci-contre) ?

Dans les livres les plus anciens de la Bible (les Psaumes) cette expression (au pluriel) désigne le genre humain ; ainsi dans le Psaume 62 :
Oui, vanité, les fils de l'homme! Mensonge, les fils de l'homme !
Dans une balance ils monteraient tous ensemble, plus légers qu'un souffle...

et dans le livre de Job (16:21) :
Puisse-t-il donner à l'homme raison contre Dieu,
Et au fils de l'homme contre ses amis !

C'est dans la littérature prophétique que « le Fils de l'Homme » se met à désigner le messager de Dieu, ici dans Ezéchiel 2:1 :
Il me dit: Fils de l'homme, tiens-toi sur tes pieds, et je te parlerai.

C'est donc, peut-être, en allusion au prophète visionnaire du relèvement d'entre les morts que Jésus emploie cette expression afin d'être compris par ses interlocuteurs ; né d'humain et porteur du message de rédemption.

09 novembre 2006

Les noces

Extrait de la feuille préparée par Angelika pour le mois de novembre :

Les noces pour Marc ? Il se sert de l'image qui lui est donné par la tradition. Mais cela vaut la peine de voir de quelle union il s'agit dans son évocation. Les récits qui précèdent la parole des noces peuvent en donner un aperçu ! Avec qui s'engage Jésus ? C'est un thème majeur du deuxième Testament : Les noces de Cana, La parabole des 10 vierges, les noces de l'agneau ...

Il découle du thème des fiançailles du premier Testament : c'est un temps privilégié de Dieu avec son peuple. Pendant le temps dans le désert ils vivent dans un face à face heureux (souvent évoqué par le prophète Jérémie) . Mais la prophétie va souligner à quel point ces fiançailles vont être rompues par des pactes conclus avec d'autres divinités.

Déjà dans les temps avant la naissance de Jésus, le mariage d'un type nouveau devient une image du renouveau espéré.

Le mariage de deux partenaires implique un certain nombre de questions : Qui sont le mari, la mariée ? En quoi consiste le contrat ? Est-ce ce mariage marque la fin de l'histoire ? ...

L'époux est souvent identifié avec le Messie à venir ; mais qui est la mariée ?
Une réponse possible : Le judaïsme mystique des Hassidim de l'Europe de l'Est a expliqué que c'est Dieu qui s'unira, de nouveau, avec sa moitié féminine : la Shekina. Elle est l'incarnation de Dieu sur la terre. Dans les peintures de Chagall, elle est cette frêle silhouette féminine avec un balluchon, à la recherche d'un lieu où vivrait 10 justes. Et quand Chagall peint des noces, c'est toujours de ces retrouvailles qu'il est question.

Les noces pour Marc ? Il se sert de l'image qui lui est donné par la tradition. Mais cela vaut la peine de voir de quelle union il s'agit dans son évocation. Les récits qui précèdent la parole des noces peuvent en donner un aperçu ! Jésus s'engage avec qui ?

07 novembre 2006

Au commencement étaient les verbes


Quand on arrive au chapitre 2, il semble que tant de choses se soient déjà passées ! Nous avons déjà noté le rythme soutenu du récit, mais que se passe-t-il finalement ? En examinant ce que le Christ fait et pas seulement ce qu'il dit nous pouvons nous faire une petite idée. (Oui ça n'est pas complet… poursuivez !)

FrançaisGrecCommentaires
entrer

sortir
εξηλθον
En « sortant » de la maison (de Pierre sans doute), de la synagogue, Jésus s'expose à la foule, à la mer, à la solitude par rapport au cadre fixé par les murs, de même qu'il va faire « sortir » le peuple de l'impasse de la loi (celle de Moïse contre celle de César).
enseigner


guérir


se leverανιστημι
Ce verbe (qui a donné le prénom Anastase) signifie (dans ce cadre) « se lever », « se relever », et c'est celui que nous trouverons plus loin pour « ressusciter ». Le verset I:35 est une adaptation de Gn 19:27 …

εγειρω
Un autre verbe pour dire la même chose ; c'est le plus commun pour les miracles de guérison ("lève-toi !") comme pour désigner la résurrection du Christ.
prier
προσευχομαι
… et en Gn 19:27 Abraham se « tient debout en faces de l'Eternel », ce qui signifie essentiellement prier (on priait, et on prie encore, debout !)
chasser
εκβαλλω
C'est le sens de « rejeter», « jeter au loin » (comme une balle), « faire sortir » … vers où ?
marcher


manger


prêcher, annoncer
κηρυσσωC'est aussi bien « crier », « lire en public » ou « clamer », comme le héraut qui s'adresse à la foule pour lui communiquer des informations.
parler, dire
επω
Le grec ne distingue pas ces deux verbes, au contraire de l'hébreu.
répondre



Tout un programme !

06 novembre 2006

À propos du jeûne

Petit commentaire tout à fait personnel. J'ai été interpellé par le verset suivant (Marc 2:18):
«Les disciples de Jean et les pharisiens jeûnaient. Ils vinrent dire à Jésus: Pourquoi les disciples de Jean et ceux des pharisiens jeûnent-ils, tandis que tes disciples ne jeûnent point ? »

Quiz : situez les personnages par rapport au tableau ci-dessous !

CatégorieNombre de jours de jeûne
Essénien, zélotePlus de 100
Pharisien perfectionniste (intégriste)10 à 99
Pharisien basique (libéral)4 à 9
Juif hellénisé1 à 3
Grec ou Romain0
Jésus?


Ce verset, qui précède la fameuse histoire du vin nouveau dans de vieilles outres, nous en explique clairement l'allusion. En effet, à l'époque les jeûnes rituels n'étaient pas du tout fréquents, il devait seulement exister au cours de l'année le jeûne de Kippour, celui d'Esther, celui de Guedalia (en rapport avec la destruction du premier temple) et peut-être un autre, donc au plus 4 ou 5 jours de jeûne parmi lesquels le seul vraiment fondamental était celui de Kippour qui correspond à la reconnaissance et à l'expiation des péchés commis envers Dieu au cours de l'année écoulée. Si les disciples de Jean jeûnaient par ascèse ce n'était évidemment pas le cas des pharisiens.

Alors pourquoi nous parle-t-on du jeûne si c'est une pratique religieuse marginale ? Il me semble que le jeûne venait remplacer les sacrifices de réparation que les Galiléens ne pouvaient offrir au Temple de Jérusalem. C'est donc, en arrière-plan, plus la question du péché que celle de l'observance de la Loi qui est posée; et, sur ce point précis, Jésus s'écarte effectivement beaucoup de la tradition hébraïque.

25 octobre 2006

La présence des animaux au début de l'évangile de Marc

Le chameau et la colombe, les sauterelles et les animaux sauvages, ... voici un 'os à ronger' lors de notre première lecture. Allons un peu plus loin à partir de ces observations, car c'est un moment où le livre de la Genèse et le prophète Esaïe nous tendent un double miroir.

Marc se donne la peine de préciser que

  • Jean, le Baptiste, est habillé en poil de chameaux et se nourrit de miel et de sauterelles.
  • L'esprit, comme une colombe, se pose sur Jésus après le baptême.
  • Les animaux sauvages, et les anges (d'où sortent-ils ?) servent Jésus après la tentation.
Si nous restons uniquement au niveau de l'Évangile de Marc, nous aurons du mal à trouver d'autres indices pour la présence animalière. L'observation reste cependant pertinente : de quoi témoigne leur apparition à cet endroit précis ? On ne les connait pas encore ! Ils sont introduits, comme s'ils étaient des familiers. Et ils le sont ! L'histoire a déjà commencé et elle continue !

Vous vous rappelez : "Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre ..." dit le récit de la création. Les animaux sont déjà là, font partie du monde dans lequels les humains arrivent. Marc pose Jésus comme fils de l'homme de la même manière : "Commencement de l'évangile de Jésus Christ ..." dit-il. Nous avons perdu la capacité d'entendre les accords multiples dans les textes, mais une fois observée cette résonance avec le Premier Testament, on peut peut-être peaufiner les consonances :

Jean se nourrit de miel et de sauterelles. Les esprits cartésiens nous diront que c'est normal pour un prophète en Israël. Mais si c'est normal, pourquoi Marc trouve-t-il la peine de nous le dire ? Il doit y avoir un sens ! Vous vous rappelez l'annonce dans le livre d'Esaïe (chapitre 7, versets 14.15) "... et la jeune femme concevra et mettra au monde un fils ... il se nourrira de crème et de miel." Effectivement, Jean n'est pas celui dont Esaïe parle. Les sauterelles, c'est bien chiche, la disette. Mais la façon d'évoquer la nourriture oriente notre propre compréhension. Peut-être que cela peut changer ? Le manque, annonce d'un renversement.

Les humains du jardins sont nus ; après la tentation, ils s'habillent de feuilles. Jean a également couvert sa nudité, avec une peau de bête. Ceci évoque des rapports de force violents entre humains et animaux. La mort est bien présente. Nous sommes encore loin de la vision qu'Esaïe évoque "Un fils sortira de la famille de Jessé, comme une jeune branche sort d'un vieux tronc ... et le lion broutera de l'herbe." (Esaïe chapitre 11)

Les fils que je viens de tirer du prologue de Marc vers la Genèse et le prophète Esaïe, cela vous semble-t-il compliqué ? D'un côté, nous percevons comment le thème de la création continue. D'un autre côté, nous voyons des contrastes qui s'ouvrent.

Continuités et tensions ... La relation n'est pas à sens unique : Le Nouveau Testament remplacerait l'Ancien. Non, le Deuxième Testament s'inscrit de façon vivante dans la transmission de la présence de Dieu dans nos vies.

21 octobre 2006

Message de service

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19 octobre 2006

Qui a de l'autorité ?

Plusieurs se sont interrogés sur cette assurance fantastique dont Jésus semble faire preuve dès le début de l'évangile de Marc, et qui est nommée « autorité ». Le mot grec est εξουσια et signifie soit liberté soit pouvoir. À vous de voir … ou de lire un autre texte sur le pouvoir et l'autorité, comme Nombres 11:1-33.

13 octobre 2006

Comment nous avons démarré

Voici une trame très simplifiée de ce qu'on fait les différents groupes. Les commentaires permettront de préciser, n'hésitez pas à réagir.

Ouverture - faire connaissance !

Étape 1 : prendre Marc «en pleine figure»

L'un des membres du groupe a lu le premier chapitre à haute voix, d'un seul trait pour sentir le rythme avec lequel Marc nous fait avancer. Certains furent plus sensibles aux indications de temps, d'autres aux mouvements, d'autres aux changements de lieux. À ce niveau c'est l'atmosphère qui compte.

Étape 2 : résonances et résistances

Sur ce long passage (on peut se concentrer sur les versets 16 à 20), on a cherché comment le tissage de thèmes différents se fait.
Repérer
  • histoires de familles (liens ?)
  • passages qui se répondent (vocabulaire)
  • continuités et contrastes
  • personnes qui s'opposent
Nommer ce qui choque : traits de caractère, comportements…
Dire ce qui manque ! Comment Marc aiguise-t-il notre appétit ? Avec quel contenu répond-il (ce n'est pas forcément ce que nous aimérions savoir) ? Des questions ouvertes pour une autre fois …

Étape 3 : Partage et échange

Êtes-vous plutôt Jean, Jacques, ou Zébédée ? Le Jésus que Marc raconte correspond-il à nos représentations ?

Étape 4 : Rassembler les observations

Pourrons-nous transmettre ce que nous avons découvert, resssenti, compris ?

Parcours final

Dans Marc, la parole est annoncée, réprimandée, enseignée, proclamée … qui la prend ? Comment circule-t-elle ?

Zébédée, cet illustre inconnu

Zébédée
Au cours des réunions de groupes, plusieurs d'entre nous se sont arrêtés sur le personnage de Zébédée : « il est resté bien seul avec ses ouvriers ! » avez-vous écrit dans les commentaires. L'imaginons-nous congédiant ses fils d'un air las (voire les jetant à l'eau), ou leur donnant une chaleureuse bénédiction ? Pour y voir plus clair, attardons-nous sur la seule information disponible : le nom du personnage ! Zébédée ne veut rien dire du tout en grec. En revanche, en araméen ou en hébreu c'est plus clair, comme le suggère André Chouraqui dans sa traduction de la Bible, mettant Zabdi au lieu de Zébédée. La racine sémitique זבד (« zabd ») signifie « qui donne » , « qui gratifie ». Et voila ! Zébédée c'est celui qui offre, il offre à ses fils un avenir auquel lui-même n'avait peut-être pas songé…

12 octobre 2006

À propos de l'exclusion


Dans les passages que nous sommes en train de lire apparaissent des personnages un peu étranges: un « esprit mauvais », un « lépreux » , etc. Ces catégories peuvent paraître un peu surannées et nous éloigner de la pertinence du texte évangélique. En grec, la « lèpre » (λεπρα) désigne n'importe quelle maladie de peau qui fait « peler », ce peut être l'eczéma, la gale, etc. Les personnes atteintes de ces maladies étaient victimes d'une exclusion sociale particulièrement sévère (lire ce qu'il en est dans le livre du Lévitique). Nous savons tous que la lèpre était à l'époque à peu près incurable, si bien que les prescriptions rituelles s'appliquaient surtout aux autres maladies de peau (ci-contre, le lépreux vu par Dürer). Quant au « dérangé », ne serait-il pas aujourd'hui « fada », « schizo », ou « fou » ?

11 octobre 2006

Divine comédie

Pour changer un peu (mais pas tant que cela), voici un extrait de la Divine Comédie, de Dante Alighieri. Le poète commence ainsi sa visite du purgatoire et du paradis…

... « Qu'est-ce là, âmes lentes ?
Quelle négligence, quelle halte est ceci ?
Courez à la montagne y dépouiller l'écorce
qui ne laisse pas Dieu se montrer à vous !»
Comme les colombes, cueillant l'orge ou l'avoine,
quand elles sont ensemble à la pâture, tranquilles,
sans montrer leur orgueil habituel,
si apparaît une chose qui les alarme,
laissent là tout à coup la nourriture,
comme assailllies d'un plus grave souci,
ainsi je vis cette troupe nouvelle
laisser le chant et courir vers la côte,
comme un homme qui va, et on ne sait où;
et notre départ ne fut pas moins prompt.
... «Che è ciò, spiriti lenti?
qual negligenza, quale stare è questo?
Correte al monte a spogliarvi lo scoglio
ch'esser non lascia a voi Dio manifesto».
Come quando, cogliendo biado o loglio,
li colombi adunati a la pastura,
queti, sanza mostrar l'usato orgoglio,
se cosa appare ond'elli abbian paura,
subitamente lasciano star l'esca,
perch'assaliti son da maggior cura;
così vid'io quella masnada fresca
lasciar lo canto, e fuggir ver' la costa,
com'om che va, né sa dove riesca:
né la nostra partita fu men tosta.

09 octobre 2006

Vite, vite, vite !


Toujours à propos du premier chapitre de Marc : la vie « moderne » doit vous sembler bien plate en comparaison du rythme échevelé du début de ce texte. Nos traductions fourmillent de « aussitôt », « ensuite », parfois « vite ». Le texte grec répète constamment la même expression « και ευθυσ » qui signifie exactement « et sur-le-champ ». Quelle précipitation ! Mais pourquoi donc ? À vous de voir !

08 octobre 2006

Êtes-vous plutôt Jean, André, Jacques ou Zébédée ?

La scène de l'appel des disciples (Marc 1:16-20) a rarement été représentée par les peintres. Voici néanmoins une fresque due à Domenico Ghirlandaio (peintre florentin de la fin du XVème siècle). Vous pourrez voir cette image en grand format sur la Web Gallery of Art et sur place à la Chapelle Sixtine.

L'appel des Apôtres, par Domenico Ghirlandaio
La fresque représente l'ensemble du passage. En voici un agrandissement qui vous permettra de bien voir les protagonistes:

07 octobre 2006

Découpage proposé pour cette année

Voici le parcours de lecture que nous proposons pour l'Évangile de Marc (ci-contre, un panneau représentant Marc par le sculpteur vénitien Corradini)

  • octobre, chapitre 1 : Suivre un appel, mais lequel ? S'imprégner de la tonalité de l'évangile selon Marc.
  • novembre, chapitre 2 : Du neuf … sur fond d'ancien.
  • décembre, chapitre 3 : Vivre en lien : foule, disciples, adversaires, famille…
  • janvier, chapitre 4 : Parler du royaume de Dieu, et le faire émerger.
  • février, chapitre 5 : Guérir ?
  • mars, chapitre 6 (Marc 6,7 à 7,23) : Mission et démission…
  • avril, chapitre 7 (Marc 7, 24 à 8, 26) : La foi qui nourrit…
  • mai, chapitre 8 (Marc 8, 27 à 9,1) : Confessions et silences …
  • juin, chapitre 9 (Marc 9, 2 à 9, 29) : La résurrection, aujourd'hui !

05 octobre 2006

Vous saurez le jour et l'heure...

Voici les lieux et horaires des groupes Nicodème actuels sur Bordeaux et le Médoc. Pour obtenir les adresses et les numéros de téléphone veuillez appeler Angelika au numéro de l'Église Réformée à Mérignac, c'est-à-dire :

05 56 47 07 51


JourLieuHoraireAccueillants
2ème mardi du moisSaint-Augustin/Mérignac20h30Karine et Daniel
2ème mardi du moisSaint-Médard20h30Françoise et Christian
2ème mercredi du moisMérignac (temple)18hAngelika
2ème jeudi du moisLe Bouscat/Caudéran20h30Élisabeth
2ème samedi du moisBruges/Blanquefort17hCaroline
Un lundi par moisLesparre14h30Lucette


Pour rejoindre l'un de nos groupes, il vous suffit de prendre contact et d'essayer. Pas besoin de s'inscrire ni de s'engager, une Bible suffit – évitez les traductions en français courant, qui ont leur intérêt pour l'animation ou une première approche mais pas pour une approche plus littéraire comme nous le faisons. Il est vrai que lire et apprécier la Bible c'est comme deviner l'oiseau qui a laissé quelques traces sur le sol : il faut s'arrêter, être attentif, observer et apprendre.. jusqu'au moment où l'oiseau se laisse repérer.

03 octobre 2006

Comment ne pas lire la Bible, en dix leçons

  1. Simple : ne pas avoir de Bible.
  2. Recommandé : donner sa Bible à quelqu'un qui n'en a pas
  3. Historique: considérer que la Bible est un texte fort ancien (19 à 25 siècles), donc difficile d'accès
  4. « Tendance » : considérer que la Bible est un texte actuel, donc facile d'accès
  5. Savant: considérer que la Bible ne peut être lue qu'en hébreu et en grec à la rigueur
  6. Court : ouvrir la Bible n'importe où, lire un verset et refermer
  7. Long : tout lire dans l'ordre, de la Genèse à l'Apocalypse
  8. Techno : plus de papier ! surfer sur Internet
  9. Angoissé : attendre les dix dernières minutes du vol, juste avant l'atterrissage
  10. Compliqué :
    • mettre ses lunettes
    • ouvrir la Bible au milieu, n'importe où
    • commencer à lire
    • poser les lunettes au milieu
    • refermer doucement
    • ranger la Bible dans un placard
    • attendre au moins deux mois
    • chercher ses lunettes

le Livre ouvert

Pistes de lecture pour Marc 1:2-10

C'est le début de l'Évangile que nous allons suivre pas à pas...

Entrée libre

Une phrase qui vous parle, une phrase ou un mot où vous vous heurtez …?
Le parcours de chacun dans le texte:
  • points de rencontre
  • croisements et interactions
  • suites et séparations
De quel endroit observez-vous vous-même le récit ? Proche de Jean-Baptiste, proche de Jésus, en tant que badauds … ? Quelle attitude avez-vous et quelles questions voudriez-vous poser ?

Visite de quelques « rayons »

Les lieux :

Qu’est-ce pour vous ‘le désert’, ‘le fleuve’, ‘le ciel’, la Galilée etc. ? Qu’est-ce qu’ils évoquent pour les contempo­rains du texte ?le baptème du Christ, par le Greco (détail)Lequel de ces lieux évoque pour vous la rencontre avec Dieu de façon particulière ?

Le temps

Historiquement, Isaïe parle en tant que prophète (messager de Dieu) vers 680 avant JC. En même temps le récit de l’évangile fait entendre sa parole au présent. Les 40 jours au désert évoquent d’autres traversées qui durèrent 40 jours (ou 40 ans), à travers la tradition biblique … Comment comprendre cette double inscription dans le temps ?

Des questionnements

  1. Des nouvelles, les bonnes nouvelles … dans la multiplicité des voix, entendre la nouvelle « bonne » … Comment dire ce qui est bon ? Pour vous-mêmes et pistes dans le texte.
  2. Jean prépare le chemin … éclaireur ; Satan brouille les pistes … tentateur. Comment percevez-vous l’orientation humaine et les tentions au quotidien ?
  3. Faire et se laisser faire … Comment vivez-vous cela ?
  4. De quelle manière la relation avec Dieu se dit-elle, se vit-elle pour vous ?

02 octobre 2006

Pourquoi Nicodème ?

Nicodème, c’est l’homme du « pourquoi, comment », celui qui questionne sans arrêt mais ne s’arrête pas à ses questions. En tous cas, c'est le peu que nous dit l'Évangile de Jean :
Mais il y eut un homme d'entre les pharisiens, nommé Nicodème, un chef des Juifs, qui vint, lui, auprès de Jésus, de nuit, et lui dit: Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu; car personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n'est avec lui. Jésus lui répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. Nicodème lui dit: Comment un homme peut-il naître quand il est vieux? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître? Jean 3:1-4
Nicodème, qui était venu de nuit vers Jésus, et qui était l'un d'entre eux, leur dit: Notre loi condamne-t-elle un homme avant qu'on l'entende et qu'on sache ce qu'il a fait? Jean 7:50-51
Nicodème, qui auparavant était allé de nuit vers Jésus, vint aussi, apportant un mélange d'environ cent livres de myrrhe et d'aloès. Jean 19:39

Au fait, Nicodème est un curieux nom : en grec ça serait « victoire du peuple » mais je trouve fort bizarre qu’un pharisien porte un nom grec. En hébreu ce serait « maculé de points », « voyelles ». Et si c’était la signification à retenir : ce qu’il faut ajouter au texte hébreu (consonantique) pour qu’il devienne intelligible ?
Face à la Bible nous aussi sommes emplis de questions: comment lire, interpréter, appliquer, croire, prier … et puis il y a tant à faire ! Comment pouvons-nous combiner la nécessaire étude de la Bible avec toutes les sollicitations et exigences de la vie que nous menons ?

29 septembre 2006

Bienvenue chez Nicodème !

Bonjour !
Vous avez déniché le blog des groupes « Nicodème » de Bordeaux et d'ailleurs peut-être. Lisez la suite...



















Ci-dessous image à ne pas effacer.