25 octobre 2006

La présence des animaux au début de l'évangile de Marc

Le chameau et la colombe, les sauterelles et les animaux sauvages, ... voici un 'os à ronger' lors de notre première lecture. Allons un peu plus loin à partir de ces observations, car c'est un moment où le livre de la Genèse et le prophète Esaïe nous tendent un double miroir.

Marc se donne la peine de préciser que

  • Jean, le Baptiste, est habillé en poil de chameaux et se nourrit de miel et de sauterelles.
  • L'esprit, comme une colombe, se pose sur Jésus après le baptême.
  • Les animaux sauvages, et les anges (d'où sortent-ils ?) servent Jésus après la tentation.
Si nous restons uniquement au niveau de l'Évangile de Marc, nous aurons du mal à trouver d'autres indices pour la présence animalière. L'observation reste cependant pertinente : de quoi témoigne leur apparition à cet endroit précis ? On ne les connait pas encore ! Ils sont introduits, comme s'ils étaient des familiers. Et ils le sont ! L'histoire a déjà commencé et elle continue !

Vous vous rappelez : "Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre ..." dit le récit de la création. Les animaux sont déjà là, font partie du monde dans lequels les humains arrivent. Marc pose Jésus comme fils de l'homme de la même manière : "Commencement de l'évangile de Jésus Christ ..." dit-il. Nous avons perdu la capacité d'entendre les accords multiples dans les textes, mais une fois observée cette résonance avec le Premier Testament, on peut peut-être peaufiner les consonances :

Jean se nourrit de miel et de sauterelles. Les esprits cartésiens nous diront que c'est normal pour un prophète en Israël. Mais si c'est normal, pourquoi Marc trouve-t-il la peine de nous le dire ? Il doit y avoir un sens ! Vous vous rappelez l'annonce dans le livre d'Esaïe (chapitre 7, versets 14.15) "... et la jeune femme concevra et mettra au monde un fils ... il se nourrira de crème et de miel." Effectivement, Jean n'est pas celui dont Esaïe parle. Les sauterelles, c'est bien chiche, la disette. Mais la façon d'évoquer la nourriture oriente notre propre compréhension. Peut-être que cela peut changer ? Le manque, annonce d'un renversement.

Les humains du jardins sont nus ; après la tentation, ils s'habillent de feuilles. Jean a également couvert sa nudité, avec une peau de bête. Ceci évoque des rapports de force violents entre humains et animaux. La mort est bien présente. Nous sommes encore loin de la vision qu'Esaïe évoque "Un fils sortira de la famille de Jessé, comme une jeune branche sort d'un vieux tronc ... et le lion broutera de l'herbe." (Esaïe chapitre 11)

Les fils que je viens de tirer du prologue de Marc vers la Genèse et le prophète Esaïe, cela vous semble-t-il compliqué ? D'un côté, nous percevons comment le thème de la création continue. D'un autre côté, nous voyons des contrastes qui s'ouvrent.

Continuités et tensions ... La relation n'est pas à sens unique : Le Nouveau Testament remplacerait l'Ancien. Non, le Deuxième Testament s'inscrit de façon vivante dans la transmission de la présence de Dieu dans nos vies.

21 octobre 2006

Message de service

Bonjour à tous les visiteurs !
J'ai changé les réglages du blog ; désormais tout le monde peut déposer des commentaires sur les billets sans passer par l'étape d'inscription. Pour commenter vous cliquez sur « commentaires », vous écrivez votre idée et vous choisissez entre « Google/Blogger » (si vous êtes inscrit), « Autre » (pour mettre votre nom sans plus) ou « Anonyme ». Ainsi ce sera plus facile de réagir. 
Pour pouvoir déposer un commentaire vous devrez copier certaines lettres 
un peu tordues, c'est un système qui empêche les messages non sollicités.

19 octobre 2006

Qui a de l'autorité ?

Plusieurs se sont interrogés sur cette assurance fantastique dont Jésus semble faire preuve dès le début de l'évangile de Marc, et qui est nommée « autorité ». Le mot grec est εξουσια et signifie soit liberté soit pouvoir. À vous de voir … ou de lire un autre texte sur le pouvoir et l'autorité, comme Nombres 11:1-33.

13 octobre 2006

Comment nous avons démarré

Voici une trame très simplifiée de ce qu'on fait les différents groupes. Les commentaires permettront de préciser, n'hésitez pas à réagir.

Ouverture - faire connaissance !

Étape 1 : prendre Marc «en pleine figure»

L'un des membres du groupe a lu le premier chapitre à haute voix, d'un seul trait pour sentir le rythme avec lequel Marc nous fait avancer. Certains furent plus sensibles aux indications de temps, d'autres aux mouvements, d'autres aux changements de lieux. À ce niveau c'est l'atmosphère qui compte.

Étape 2 : résonances et résistances

Sur ce long passage (on peut se concentrer sur les versets 16 à 20), on a cherché comment le tissage de thèmes différents se fait.
Repérer
  • histoires de familles (liens ?)
  • passages qui se répondent (vocabulaire)
  • continuités et contrastes
  • personnes qui s'opposent
Nommer ce qui choque : traits de caractère, comportements…
Dire ce qui manque ! Comment Marc aiguise-t-il notre appétit ? Avec quel contenu répond-il (ce n'est pas forcément ce que nous aimérions savoir) ? Des questions ouvertes pour une autre fois …

Étape 3 : Partage et échange

Êtes-vous plutôt Jean, Jacques, ou Zébédée ? Le Jésus que Marc raconte correspond-il à nos représentations ?

Étape 4 : Rassembler les observations

Pourrons-nous transmettre ce que nous avons découvert, resssenti, compris ?

Parcours final

Dans Marc, la parole est annoncée, réprimandée, enseignée, proclamée … qui la prend ? Comment circule-t-elle ?

Zébédée, cet illustre inconnu

Zébédée
Au cours des réunions de groupes, plusieurs d'entre nous se sont arrêtés sur le personnage de Zébédée : « il est resté bien seul avec ses ouvriers ! » avez-vous écrit dans les commentaires. L'imaginons-nous congédiant ses fils d'un air las (voire les jetant à l'eau), ou leur donnant une chaleureuse bénédiction ? Pour y voir plus clair, attardons-nous sur la seule information disponible : le nom du personnage ! Zébédée ne veut rien dire du tout en grec. En revanche, en araméen ou en hébreu c'est plus clair, comme le suggère André Chouraqui dans sa traduction de la Bible, mettant Zabdi au lieu de Zébédée. La racine sémitique זבד (« zabd ») signifie « qui donne » , « qui gratifie ». Et voila ! Zébédée c'est celui qui offre, il offre à ses fils un avenir auquel lui-même n'avait peut-être pas songé…

12 octobre 2006

À propos de l'exclusion


Dans les passages que nous sommes en train de lire apparaissent des personnages un peu étranges: un « esprit mauvais », un « lépreux » , etc. Ces catégories peuvent paraître un peu surannées et nous éloigner de la pertinence du texte évangélique. En grec, la « lèpre » (λεπρα) désigne n'importe quelle maladie de peau qui fait « peler », ce peut être l'eczéma, la gale, etc. Les personnes atteintes de ces maladies étaient victimes d'une exclusion sociale particulièrement sévère (lire ce qu'il en est dans le livre du Lévitique). Nous savons tous que la lèpre était à l'époque à peu près incurable, si bien que les prescriptions rituelles s'appliquaient surtout aux autres maladies de peau (ci-contre, le lépreux vu par Dürer). Quant au « dérangé », ne serait-il pas aujourd'hui « fada », « schizo », ou « fou » ?

11 octobre 2006

Divine comédie

Pour changer un peu (mais pas tant que cela), voici un extrait de la Divine Comédie, de Dante Alighieri. Le poète commence ainsi sa visite du purgatoire et du paradis…

... « Qu'est-ce là, âmes lentes ?
Quelle négligence, quelle halte est ceci ?
Courez à la montagne y dépouiller l'écorce
qui ne laisse pas Dieu se montrer à vous !»
Comme les colombes, cueillant l'orge ou l'avoine,
quand elles sont ensemble à la pâture, tranquilles,
sans montrer leur orgueil habituel,
si apparaît une chose qui les alarme,
laissent là tout à coup la nourriture,
comme assailllies d'un plus grave souci,
ainsi je vis cette troupe nouvelle
laisser le chant et courir vers la côte,
comme un homme qui va, et on ne sait où;
et notre départ ne fut pas moins prompt.
... «Che è ciò, spiriti lenti?
qual negligenza, quale stare è questo?
Correte al monte a spogliarvi lo scoglio
ch'esser non lascia a voi Dio manifesto».
Come quando, cogliendo biado o loglio,
li colombi adunati a la pastura,
queti, sanza mostrar l'usato orgoglio,
se cosa appare ond'elli abbian paura,
subitamente lasciano star l'esca,
perch'assaliti son da maggior cura;
così vid'io quella masnada fresca
lasciar lo canto, e fuggir ver' la costa,
com'om che va, né sa dove riesca:
né la nostra partita fu men tosta.

09 octobre 2006

Vite, vite, vite !


Toujours à propos du premier chapitre de Marc : la vie « moderne » doit vous sembler bien plate en comparaison du rythme échevelé du début de ce texte. Nos traductions fourmillent de « aussitôt », « ensuite », parfois « vite ». Le texte grec répète constamment la même expression « και ευθυσ » qui signifie exactement « et sur-le-champ ». Quelle précipitation ! Mais pourquoi donc ? À vous de voir !

08 octobre 2006

Êtes-vous plutôt Jean, André, Jacques ou Zébédée ?

La scène de l'appel des disciples (Marc 1:16-20) a rarement été représentée par les peintres. Voici néanmoins une fresque due à Domenico Ghirlandaio (peintre florentin de la fin du XVème siècle). Vous pourrez voir cette image en grand format sur la Web Gallery of Art et sur place à la Chapelle Sixtine.

L'appel des Apôtres, par Domenico Ghirlandaio
La fresque représente l'ensemble du passage. En voici un agrandissement qui vous permettra de bien voir les protagonistes:

07 octobre 2006

Découpage proposé pour cette année

Voici le parcours de lecture que nous proposons pour l'Évangile de Marc (ci-contre, un panneau représentant Marc par le sculpteur vénitien Corradini)

  • octobre, chapitre 1 : Suivre un appel, mais lequel ? S'imprégner de la tonalité de l'évangile selon Marc.
  • novembre, chapitre 2 : Du neuf … sur fond d'ancien.
  • décembre, chapitre 3 : Vivre en lien : foule, disciples, adversaires, famille…
  • janvier, chapitre 4 : Parler du royaume de Dieu, et le faire émerger.
  • février, chapitre 5 : Guérir ?
  • mars, chapitre 6 (Marc 6,7 à 7,23) : Mission et démission…
  • avril, chapitre 7 (Marc 7, 24 à 8, 26) : La foi qui nourrit…
  • mai, chapitre 8 (Marc 8, 27 à 9,1) : Confessions et silences …
  • juin, chapitre 9 (Marc 9, 2 à 9, 29) : La résurrection, aujourd'hui !

05 octobre 2006

Vous saurez le jour et l'heure...

Voici les lieux et horaires des groupes Nicodème actuels sur Bordeaux et le Médoc. Pour obtenir les adresses et les numéros de téléphone veuillez appeler Angelika au numéro de l'Église Réformée à Mérignac, c'est-à-dire :

05 56 47 07 51


JourLieuHoraireAccueillants
2ème mardi du moisSaint-Augustin/Mérignac20h30Karine et Daniel
2ème mardi du moisSaint-Médard20h30Françoise et Christian
2ème mercredi du moisMérignac (temple)18hAngelika
2ème jeudi du moisLe Bouscat/Caudéran20h30Élisabeth
2ème samedi du moisBruges/Blanquefort17hCaroline
Un lundi par moisLesparre14h30Lucette


Pour rejoindre l'un de nos groupes, il vous suffit de prendre contact et d'essayer. Pas besoin de s'inscrire ni de s'engager, une Bible suffit – évitez les traductions en français courant, qui ont leur intérêt pour l'animation ou une première approche mais pas pour une approche plus littéraire comme nous le faisons. Il est vrai que lire et apprécier la Bible c'est comme deviner l'oiseau qui a laissé quelques traces sur le sol : il faut s'arrêter, être attentif, observer et apprendre.. jusqu'au moment où l'oiseau se laisse repérer.

03 octobre 2006

Comment ne pas lire la Bible, en dix leçons

  1. Simple : ne pas avoir de Bible.
  2. Recommandé : donner sa Bible à quelqu'un qui n'en a pas
  3. Historique: considérer que la Bible est un texte fort ancien (19 à 25 siècles), donc difficile d'accès
  4. « Tendance » : considérer que la Bible est un texte actuel, donc facile d'accès
  5. Savant: considérer que la Bible ne peut être lue qu'en hébreu et en grec à la rigueur
  6. Court : ouvrir la Bible n'importe où, lire un verset et refermer
  7. Long : tout lire dans l'ordre, de la Genèse à l'Apocalypse
  8. Techno : plus de papier ! surfer sur Internet
  9. Angoissé : attendre les dix dernières minutes du vol, juste avant l'atterrissage
  10. Compliqué :
    • mettre ses lunettes
    • ouvrir la Bible au milieu, n'importe où
    • commencer à lire
    • poser les lunettes au milieu
    • refermer doucement
    • ranger la Bible dans un placard
    • attendre au moins deux mois
    • chercher ses lunettes

le Livre ouvert

Pistes de lecture pour Marc 1:2-10

C'est le début de l'Évangile que nous allons suivre pas à pas...

Entrée libre

Une phrase qui vous parle, une phrase ou un mot où vous vous heurtez …?
Le parcours de chacun dans le texte:
  • points de rencontre
  • croisements et interactions
  • suites et séparations
De quel endroit observez-vous vous-même le récit ? Proche de Jean-Baptiste, proche de Jésus, en tant que badauds … ? Quelle attitude avez-vous et quelles questions voudriez-vous poser ?

Visite de quelques « rayons »

Les lieux :

Qu’est-ce pour vous ‘le désert’, ‘le fleuve’, ‘le ciel’, la Galilée etc. ? Qu’est-ce qu’ils évoquent pour les contempo­rains du texte ?le baptème du Christ, par le Greco (détail)Lequel de ces lieux évoque pour vous la rencontre avec Dieu de façon particulière ?

Le temps

Historiquement, Isaïe parle en tant que prophète (messager de Dieu) vers 680 avant JC. En même temps le récit de l’évangile fait entendre sa parole au présent. Les 40 jours au désert évoquent d’autres traversées qui durèrent 40 jours (ou 40 ans), à travers la tradition biblique … Comment comprendre cette double inscription dans le temps ?

Des questionnements

  1. Des nouvelles, les bonnes nouvelles … dans la multiplicité des voix, entendre la nouvelle « bonne » … Comment dire ce qui est bon ? Pour vous-mêmes et pistes dans le texte.
  2. Jean prépare le chemin … éclaireur ; Satan brouille les pistes … tentateur. Comment percevez-vous l’orientation humaine et les tentions au quotidien ?
  3. Faire et se laisser faire … Comment vivez-vous cela ?
  4. De quelle manière la relation avec Dieu se dit-elle, se vit-elle pour vous ?

02 octobre 2006

Pourquoi Nicodème ?

Nicodème, c’est l’homme du « pourquoi, comment », celui qui questionne sans arrêt mais ne s’arrête pas à ses questions. En tous cas, c'est le peu que nous dit l'Évangile de Jean :
Mais il y eut un homme d'entre les pharisiens, nommé Nicodème, un chef des Juifs, qui vint, lui, auprès de Jésus, de nuit, et lui dit: Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu; car personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n'est avec lui. Jésus lui répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. Nicodème lui dit: Comment un homme peut-il naître quand il est vieux? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître? Jean 3:1-4
Nicodème, qui était venu de nuit vers Jésus, et qui était l'un d'entre eux, leur dit: Notre loi condamne-t-elle un homme avant qu'on l'entende et qu'on sache ce qu'il a fait? Jean 7:50-51
Nicodème, qui auparavant était allé de nuit vers Jésus, vint aussi, apportant un mélange d'environ cent livres de myrrhe et d'aloès. Jean 19:39

Au fait, Nicodème est un curieux nom : en grec ça serait « victoire du peuple » mais je trouve fort bizarre qu’un pharisien porte un nom grec. En hébreu ce serait « maculé de points », « voyelles ». Et si c’était la signification à retenir : ce qu’il faut ajouter au texte hébreu (consonantique) pour qu’il devienne intelligible ?
Face à la Bible nous aussi sommes emplis de questions: comment lire, interpréter, appliquer, croire, prier … et puis il y a tant à faire ! Comment pouvons-nous combiner la nécessaire étude de la Bible avec toutes les sollicitations et exigences de la vie que nous menons ?