31 mai 2007

Laissez venir à moi les petits enfants

Entre Marc 9 et Marc 10 nous voyons apparaitre un nouvel acteur, l'enfant. À vrai dire, il est déjà apparu mais comme objet et toujours en lien avec la maladie ou la mort, tandis qu'à présent il devient un sujet voire un modèle. Ainsi, dans ce tableau que Lucas Cranach le jeune peignit vers 1540 en pleine période réformatrice.

Et pour vous ... ? l'enfant est-il au centre de votre foi ?
Et plus loin, une question encore plus fondamentale ... qu'est-ce qu'un enfant ?
Ce n'est pas une interrogation purement théorique, elle sous-tend non seulement l'éducation mais aussi la transmission de la foi. Pour faire court, disons qu'ici se rencontrent quatre modèles de l'enfance :

  • le modèle gréco-romain : l'enfant est celui qui ne parle pas (in-fans), on va lui inculquer tout ce qui est nécessaire pour participer à la vie sociale, le dresser en quelque sorte (educare = conduire vers). C'est aussi la péda-gogie.
  • le modèle sémitique : l'enfant est la promesse de la filiation par le sang (Abraham).
  • le modèle mosaïque, transmission de la loi et de la foi dans le cadre familial « tu le raconteras à tes enfants » (Deutéronome 4:9) .
  • le modèle chrétien : l'enfant n'est plus seulement la matérialisation de la promesse ; il résume la promesse, la foi et la loi.

11 mai 2007

Scandale !

Qu'est-ce que cette histoire de scandale, de chute ? Pour nous le verbe « scandaliser » a un sens très clair, il est synonime de « choquer ». En réalité c'est l'un des mots de notre langue qui viennent directement de l'Évangile. En grec, le mot « skandalon » désigne un piège (sans doute une branche courbée) qu'on dissimule sous un chemin ou une route pour faire chuter l'adversaire, ce que certains traducteurs rendent par « chute », « occasion de chute » (voyez la parabole du Semeur et les Psaumes 65 et 140). Les évangélistes Marc et/ou Matthieu ont alors créé le verbe σκανδαλιζω pour dire « être une occasion de chute », ce qui est devenu le moderne « scandaliser ». Le verbe est passé au latin par la traduction latine de Jérôme, puis au français.
La notion de réprobation sociale associée au scandale demeure tout à fait éloignée du message évangélique qui s'occupe uniquement de vie et de résurrection ; dans cette perspective, chute et péché reviennent au même, c'est l'éloignement de Dieu.
Clin d'œil publicitaire pour finir : ce qui crée le scandale ce n'est pas la situation elle-même c'est l'ombre projetée par elle …

06 mai 2007

Satan et les anges, seraient-ils parmi nous ?
Quand le dess(e)in de Dieu se concrétise


Dans un tissage, certains fils semblent disparaître pendant un certain temps ; le fait qu'ils deviennent invisibles à l'œil ne veut cependant pas dire qu'ils n'existent plus. Souvent ce sont eux qui portent, en tant que chaîne, le fil visible qui montre le dessin du tissage.
Le chapitre 8/9 de l'évangile de Marc fait réapparaître des thèmes qui semblaient enfouis :

Au premier chapitre, l'apparition de Satan est quelque peu irréelle pour le lecteur. Il s'impose de lui-même. On ne sait pas d'où il vient, où il va. Est-il un personnage que certains d'entre nous rencontreront pour de bon ? C'est tout le contraire du chapitre 8, où il est démasqué par Jésus. Arrivé incognito dans une parole concrète, il s'est manifesté à travers un compagnon de Jésus ; il est parmi ses plus proches.

Les anges non plus, ils n'étaient plus sur scène depuis la tentation au désert ; et le désert, c'est un lieu si lointain que personne d'entre nous n'y risque poser son pied. Maintenant, leur venue est annoncée "face aux gens d'aujourd'hui" ou "dans cette génération " (8,38), parmi nous.

Ce rapprochement du récit devient encore plus palpable dans une toute petite variation : Dans 9, 7 la voix dit : « Celui-ci est mon fils bien-aimé. Ecoutez-le ! » La relation d'intimité avec le père est ré-invoquée, comme dans le baptême, mais avec une nouvelle exigence pour l'auditoire.

04 mai 2007

Ascensions

Pourquoi découvre-t-on les personnages d'Élie et Moïse dans la scène de la transfiguration ? La meilleure réponse se trouve dans les textes eux-mêmes. Concernant Élie c'est dans II Rois 2, et pour Moïse c'est dans Deutéronome 34. La fin du livre de Malachie résonne aussi avec ce texte, lisez-la. Tant qu'à faire, puisque c'est bientôt, nous pouvons nous interroger sur l'Ascension ; les traces sont maigres, lisez la fin de l'Évangile de Luc et le début du livre des Actes c'est à peu près tout. Quel point commun entre toutes ces situations ? Pas de tombeau ! Aucun culte !
Alors, pour illustrer ce petit billet, quoi de mieux qu'un grand bol d'oxygène ?