25 juin 2008

Qu'est-ce que la Bible ? (modifié)

Quelle question ! Il n'est quasiment question que de cela dans ce blog, alors ?! Pourtant … La Bible, une bible, ta bible … est-ce la même chose ? La discussion entre Jésus et un « sadducéen » (enfin, disons, un contradicteur parmi d'autres) à propos de la femme qui a sept maris a, entre autres dimensions, l'intérêt de mettre en scène plusieurs références au texte écrit de la Loi de Moïse (la Torah, soit les cinq premiers livres de la Bible).
Les autres évangélistes qui racontent ce dialogue dans des termes quasiment identiques (y compris le « décryptage» final) omettent de signaler qu'on peut lire la Loi dans le livre de Moïse ; et « livre » en grec se dit … biblos (cela désigne une feuille de papyrus), qui a donné très directement notre mot « bible ». Est-ce à dire que les cinq premiers livres de la Bible, joints aux Psaumes, formaient déjà un recueil stabilisé ? Difficile de répondre, et encore plus difficiles sont les questions suivantes : quand Jésus parle du livre de Moïse, évoque-t-il les ajouts futurs ? Et quand Marc écrit, où en est-on (les lettres de Paul sont déjà là) ? Ces questions n'appellent évidemment aucune réponse, mais sont plutôt là pour nous aider à dépasser un peu l'idée de la Bible comme d'un livre clos.

Quoi qu'il en soit, j'aime à penser que cet Évangile que nous lisons, et qui fait partie de notre Bible, parle lui-même de la Bible comme d'une œuvre bonne à lire, alors qu'elle est justement en train d'émerger …

P.S. Une certitude quand même : autour de Jésus les personnes capables de lire n'étaient pas fort nombreuses ! Et chez nous ????

20 juin 2008

Il vous précède ...

... en Galilée, très bien, mais où ? C'est que le lieu, s'il n'est pas très grand, recouvre quand même un certain nombre de villes, villages, et un grand lac. Un peu comme si on nous disait «il vous attend sur le Bassin» !
Où chercher, donc ?
Peut-être dans une synagogue (une église, si vous voulez) ? Pas de chance, il y en a au moins une et souvent plusieurs dans chaque village, cela va faire un peu long …
Et puis … le Fils de l'Homme est-il venu au monde pour se faire enfermer entre quatre murs ? Certainement pas ! Changeons d'idée.
Peut-être est-il sur les routes pour que nous ayons les plus grandes chances de le croiser, comme entre Jérusalem et Bethléem ? Ou sur le lac en train de pêcher ? Ou dans les champs en train de semer et de récolter, activités qu'il affectionnait particulièrement ?
Faut-il lui téléphoner, et en ce cas à quel numéro ? Rien ne se présente bien clairement. En fin de compte, une seule évidence : si nous le cherchons quelque part, c'est peine perdue ! C'est lui qui nous cherche ! Et il peut venir nous rencontrer à tout moment, n'importe où, quand ça lui chante en somme … reste à s'en apercevoir.

L'autre élément extraordinaire, c'est la précédence. Il nous précède dans les épreuves, dans les doutes, dans les joies. En fait c'est depuis le début de cet Évangile qu'il précède : relisez et vous constaterez.

Billet sans paroles

Duccio Buoninsegna

18 juin 2008

Je suis... tu parles !

Après que Jésus eut «rendu visite» au Grand Prêtre, et lui avoir fait sa célèbre réplique jugée blasphématoire, il se trouve face à Pilate (une seule fois dans cet évangile) qui l'interroge et lui demande s'il est bien le «roi des Juifs» (question bien plus directe que celle du Grand Prêtre, d'ailleurs).

Textuellement, Jésus répond : «toi, tu dis». Ici encore, le complément du verbe est absent : tu dis, mais que dis-tu au juste ? Jésus renvoie Pilate à sa question, c'est à lui-même de répondre ; en aucun cas Jésus n'affirme sa position. C'est à nous aussi de répondre, il va de soi !

Quant au silence qui suit … c'est à chacun de nous de l'écouter, et pourquoi pas dans la prière ?

Ou en admirant ce tableau de Hans Holbein le Jeune où vous «entendez» les vociférations de tous en total contraste avec le silence de Jésus. Le tableau fut peint vers 1524 et se trouve au musée de Bâle.

14 juin 2008

Du buisson ardent à la croix : « Je suis ... »

« Je le suis », nos traductions françaises des paroles de Jésus au chapitre 14, 62 laissent entendre que Jésus est quelque chose ou quelqu'un. Mais le petit « le » est un rajout. Ainsi complétée, la phrase s'écoule bien, trop bien peut-être.

Jésus semble acquiescer à la question du grand-prêtre s'il est le Messie. Dans la version française, le décalage fondamentale entre la question et la réponse de Jésus n'est plus perceptible. Le grand-prêtre s'attarde sur le titre que Jésus porte : Es-tu le messie, l'oint de Dieu. Jésus répond, mais dans une liberté étonnante. Ce n'est pas le titre qu'il revendique. Non, c'est l'être. ... sans aucun rajout. « Je suis »

Ceci amplifie les paroles chez l'évangéliste Jean : Je suis le chemin, la vérité et la vie. Je suis. A travers cette posture, il reprend les paroles entendu par Moïse face au buisson ardent « Je suis celui que je serai ». Jésus ne s'identifie pas avec une fonction particulière. Il ne se laisse pas enfermer dans un rôle. Il est. ... Il n'y a pas de rajout nécessaire. Liberté absolue de Jésus. Elle ouvre notre vue : ... Je suis et vous verrez le fils de l'homme.

Tout en voyant Jésus, notre regard permet d'avoir une vue globale sur ce qui se passe. Vous verrez ! Le règne de Dieu qui vient vers nous. Jésus auquel on fait le procès, ouvre vers une existence nouvelle.