15 novembre 2009

Pentecôte, fête du don ? (2)

Rebonjour,

Toujours à propos de la proximité et de la différence entre judaïsme et christianisme. La différence c'est d'abord que les juifs manient volontiers l'humour sur eux-mêmes (voyez les blagues à droite...), ce que les chrétiens font assez peu (voire pas du tout).

Dans la tradition orale du judaïsme, chaque passage de la Tora (la Loi) est associé à un passage des Prophètes (ça s'appelle la Haftara). Concernant le Décalogue, qui est le « noyau dur » de la Loi, le passage associé est Ezéchiel 1 à 3. Lisez pour vous-mêmes ces chapitres, surtout 2 et 3 (le chapitre 1 fait un peu science-fiction mais c'est une autre histoire) ; en particulier ceci :

Ez 3:6 Ce n'est point vers de nombreux peuples ayant un langage obscur, une langue inintelligible, dont tu ne comprends pas les discours. Si je t'envoyais vers eux, ils t'écouteraient.

Sans ignorer la place du Christ, la « bifurcation » entre les deux religions est peut-être là aussi.

Pentecôte, une fête du don ?

Bonjour mes amis,

Encore un petit mot sur la Pentecôte (je pourrais vous en faire dix si j'avais le temps !).
Quand on lit le récit sans préparation, « hors contexte », c'est un peu bizarre quand même, bref : un récit de miracle (pourquoi pas). Cela dit, il y a une question que presque personne ne pose à propos de Pentecôte, c'est de savoir pourquoi les disciples étaient réunis à ce moment et surtout pour quoi faire.

Officiellement, il s'agissait de la « fête des Moissons » ou « fête des Semaines », d'où le nom juif de cette fête : Shavouot ; il s'agit d'une fête rituelle célébrée par un pèlerinage à Jérusalem 50 jours après la Pâque, c'est-à-dire 7 semaines plus un jour (certains juifs expliquent que le jour supplémentaire nous rappelle le fait que l'histoire n'est pas cyclique). Et, lors de cette fête, l'offrande était formée de pains.

Cependant, comme pour d'autres fêtes rituelles, un glissement s'est progressivement opéré vers un sens plus théologique pourrait-on dire. Dès le IIème siècle la fête de Shavouot fut considérée comme la fête du don de la Loi (Matan Tora), un temps consacré à l'étude et à la louange.

C'est donc, peut-être, ce qu'étaient venus faire ensemble les disciples réunis ce jour-là, remercier pour les dons reçus (les fruits de la terre comme la Loi).

Je ne dis pas pour autant que le christianisme naissant n'a fait que s'approprier une évolution en cours ; non, la Pentecôte ouvre un chapitre radicalement différent avec l'ouverture aux Nations, au monde si vous voulez.

14 novembre 2009

Une histoire de bouches

Dans le récit de la Pentecôte (début de actes 2) il est question de « langues de feu » et de « parler des langues ». Le français est très semblable au grec en ce point : un seul mot pour les deux choses ! Le mot grec est celui qui a donné glotte, polyglotte, glossaire, etc. Bref, des quantités de langues qui s'agitent en tous sens. Ce qui nous rappelle une situation similaire quoiqu'inversée, à savoir le mythe (ou l'histoire) de Babel où les hommes parlent « tous la même langue » (au début !). Le texte hébreu, lui, dit qu'ils ont la même « lèvre », mais c'est un peu la même idée.

Pentecôte = Babel à l'envers ? Sans doute, sur bien des points, mais en tous cas pas Babel à reculons ; plutôt, une histoire anti-babélienne ? Plus de chef pour donner des ordres, plus de tour à construire, plus de briques ni de mortier, rien que des femmes et des hommes, très divers et pourtant unis.