13 février 2007

De Jonas à Jésus

Cette enluminure du XIème siècle nous accompagnera dans une réflexion sur le parallèle et l'opposition entre Jonas et Jésus, l'un et l'autre aux prises avec les flots et les forces adverses.
En effet, l'un et l'autre se trouvent à un moment de leur histoire au fond d'un bateau confronté à la mer démontée, et des marins complètement dépassés. Lorsque Jonas renonce à la vie même pour sauver la vie des marins, Jésus s'oppose frontalement afin que la vie triomphe. Le détour par Jonas offre l'intérêt de nous fournir une clé de lecture possible de l'ensemble du chapitre 5.
En fuyant l'ordre qu'il avait reçu, Jonas s'éloigne le plus possible du souffle de Dieu, lequel le rattrape sur la mer. Ce « souffle» (« rouah » en hébreu) est évidemment ce qui fait défaut au possédé pour vivre vraiment, tout embarrassé qu'il est avec un souffle pervers qui le pousse à la violence.
Un peu plus tard, Jonas se retrouve au fond de l'eau dans le ventre du poisson-tombeau et il voit arriver la fin de son existence physique (« nefesh » en hébreu); et c'est à ce moment qu'il prie et que Dieu le sauve. C'est aussi ce qui arrive à la fille de Iaïros (bien qu'on ne sache pas qui prie qui dans cette histoire).
À la fin, Jonas s'est réfugié, isolé, sous un ricin (« qiqayon ») et il se dessèche, préférant encore renoncer, se déposséder de la vie (« haï» en hébreu) …
Cependant, même si les allusions sont nombreuses les issues sont ici différentes. Face à la perte de la vitalité, de l'esprit, du rôle social de ces trois êtres amoindris Jésus rétablit l'unité de l'être, restaure des êtres capables de relation au contraire de Jonas coincé dans ses certitudes.

Aucun commentaire: