21 janvier 2007

Qu'est-ce qu'une parabole ?

Si nous cherchons un peu d'étymologie, à la suite du billet précédent, nous avons le mot grec παραβολη qui signifie « à côté de la voie droite », c'est-à-dire en-dehors de la trajectoire de l'objet jeté (jeter comme une balle) ; c'est là l'origine du mot dans sa connotation géométrique que les Grecs utilisaient déjà dans ce double sens : une déviation de la trajectoire, et une forme de comparaison.

L'usage de la parabole consiste ainsi à faire dévier le récit vers un ailleurs. Au lieu de nous raconter linéairement la vie de Jésus, l'évangéliste tire son écrit vers une autre dimension, peut-être afin de nous faire percevoir que son propos n'est pas seulement historique ni apologétique. C'est à travers de la parabole que nous percevons que le récit n'est qu'un support pour entrer dans ce qu'il faut bien appeler la théologie.

Maintenant, si nous analysons le chapitre du point de vue de Jésus (et non plus du point de vue de l'évangéliste), nous découvrons la parabole fait dévier le cours normal des choses comme le Christ l'annonce au chapitre précédent : on attend un guérisseur, un Messie politique, un prophète ou un savant mais lui s'échappe de ces rôles prédéfinis pour aller franchement ... de travers. C'est bien ce qu'on lui reprochera par la suite.

Personnellement, je crois que chaque fois que nous tentons d'assigner au Christ un rôle trop particulier avec nos mots d'hommes il nous échappe pour nous revenir ailleurs. Si vous le pensez prophète et Homme avant d'être Fils, c'est la résurrection et le jugement qui vous échappe. Si vous le pensez toujours assis à la droite de Dieu, c'est son incarnation chez notre prochain qui vous échappe...

Un petit mot pour finir : l'hyperbole (υπερβολη) que j'ai évoquée à propos de la tempête est, quant à elle, une trajectoire qui va « au-dessus de la voie droite » — d'où son sens d'exagération pour mieux faire comprendre !

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